
La fluidité du commerce est un pilier de la croissance économique. En Afrique, un obstacle majeur se dresse sur le chemin des entreprises qui commercent entre elles ou avec le reste du monde : la volatilité des devises. Les variations imprévisibles des taux de change peuvent transformer une transaction profitable en une perte sèche, créant un climat d’incertitude qui freine les investissements et le commerce. Comprendre ce phénomène et les solutions pour le gérer est crucial pour libérer le potentiel de la Zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA).
Le fléau de la volatilité : Un frein au commerce
Les conséquences de la volatilité des devises en Afrique sont multiples :
- Un risque financier accru : Pour une entreprise qui achète des biens dans une devise et les revend dans une autre, les fluctuations des taux de change introduisent un risque de change qui peut être fatal.
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- Incertitude sur les prix : Les entreprises hésitent à fixer des prix à long terme, ce qui rend la planification commerciale difficile. Cela peut inciter les partenaires à privilégier des transactions à court terme ou à ne pas faire affaire du tout.
- Une compétitivité affaiblie : Une forte dévaluation de la monnaie locale peut rendre les importations coûteuses, augmentant les prix des matières premières et des biens de consommation. À l’inverse, une monnaie trop forte peut rendre les exportations moins compétitives.
- Des difficultés de gestion financière : La gestion de la trésorerie et la prévision des revenus deviennent un casse-tête, ce qui nuit à l’investissement à long terme.
Comment les entreprises gèrent-elles ce risque de change ?
Face à ce défi, les entreprises adoptent diverses stratégies pour se protéger :
- La couverture (Hedging) : C’est la principale technique de gestion du risque. Les entreprises utilisent des instruments financiers, comme les contrats à terme (« forward contracts »), pour fixer un taux de change pour une date future, se protégeant ainsi des variations du marché.
- La facturation en devises stables : De nombreuses transactions internationales sont facturées en dollar américain ou en euro, ce qui déplace le risque sur le partenaire commercial ou le consommateur.
- L’utilisation de stablecoins : Bien que ce soit encore une solution émergente, les stablecoins, dont la valeur est liée à une devise stable, pourraient offrir une alternative technologique aux transactions commerciales africaines.
- La diversification géographique : En opérant sur plusieurs marchés, les entreprises peuvent répartir leur risque.
Les initiatives continentales : Vers une stabilité monétaire ?
La solution la plus ambitieuse vient de la volonté d’intégration du continent :
- Le PAPSS (Pan-African Payment and Settlement System) : Ce système de paiement développé par Afreximbank vise à faciliter les paiements transfrontaliers en monnaies locales, réduisant ainsi la dépendance aux devises internationales et les coûts de change. C’est un pas majeur vers la stabilité et la fluidité des transactions commerciales africaines.
- L’AfCFTA : La Zone de libre-échange continentale a pour objectif d’éliminer les barrières commerciales et de créer un marché unique. Le succès de cette initiative dépendra en grande partie de la capacité à résoudre les problèmes liés aux paiements transfrontaliers et à la volatilité des devises.
La volatilité des devises est un frein majeur au développement du commerce et de l’investissement en Afrique. Si les entreprises ont développé des stratégies pour y faire face, la solution durable réside dans l’intégration financière du continent. Les initiatives comme le PAPSS et l’AfCFTA sont des étapes cruciales pour créer un environnement plus stable, permettant aux entreprises africaines de prospérer.